Partager

BAM pessimiste sur la croissance

24 sept. 2020 L'Economiste

La récession serait plus sévère qu'anticipée. La banque centrale, qui a tenu son Conseil, hier mardi 22 septembre, prévoit désormais une baisse de 6,3% du PIB. Elle rejoint ainsi les prévisions du Centre marocain de conjoncture qui table sur une contraction de 6,2% du PIB alors que le Haut Commissariat au Plan prévoit -5,8%.

Une projection qui pourrait compromettre le scénario d'une reprise rapide. En tout cas, la Banque centrale a revu à la baisse sa prévision du mois de juin en raison du redémarrage plus lent que prévu de l'activité, de la mise en place de certaines restrictions locales ou sectorielles suite à la recrudescence des infections. S'ajoute la poursuite de la fermeture quasi-totale des frontières pour les voyageurs. Dans les pays partenaires, une deuxième vague de contamination, prend également forme. Ce qui pourrait allonger la sortie de crise de certains secteurs.

Pour cette année, la valeur ajoutée agricole devrait reculer de 5,3% et de 6,3% pour les autres secteurs. Mais dès 2021, un retournement de situation pourrait se produire. Le PIB rebondirait de 4,7%, porté par une hausse de 12,6% de la valeur ajoutée agricole mais à condition que la pluviométrie soit au rendez-vous. En tout cas, l'hypothèse retenue est celle d'une récolte céréalière de 75 millions de quintaux. L'année prochaine, le non agricole devrait également connaître une amélioration de 3,7%. La banque centrale reste prudente: «ces perspectives qui restent entourées d'un niveau exceptionnellement élevé d'incertitudes liées notamment à l'évolution de la pandémie, à l'ampleur de ses retombées ainsi qu'au rythme de la reprise, vont devoir être régulièrement actualisées».

Durant cette troisième réunion trimestrielle, le Conseil de Bank Al Maghrib n'a pas jugé utile de changer le taux directeur. Il est maintenu à 1,5%. Depuis le démarrage de la crise, la banque centrale a opté pour une politique monétaire «assez accommodante». En mars, elle a réduit le taux directeur de 25 points de base et de 50 points en juin. Elle a également ramené le taux de la réserve obligatoire à 0%. «Le Maroc s'est donné les moyens de financement susceptibles d'aider le système productif à sortir de cette catastrophe économique consécutive à la crise du coronavirus. Le système bancaire connaîtra certainement des perturbations du fait de la montée, inévitable, de la sinistralité mais celle-ci serait minime comparativement à la gravité de cette crise sanitaire», note le Centre marocain de conjoncture.

Ceci étant, l'encours du crédit bancaire au secteur non financier a pris 6% à fin juillet. Une évolution à lier à l'accroissement des prêts de trésorerie accordés aux entreprises privées. Il devrait ainsi enregistrer une progression de près de 4% en 2020 et en 2021. Et ce, sous l'effet de l'évolution prévue de l'activité économique ainsi que celui attendu du programme Intelaka et des différentes mesures de soutien et de relance.

La dette du Trésor à 76,1% du PIB

Côté finances publiques, la situation reste fragile. Hors privatisation, le déficit budgétaire devrait se creuser à 7,9% contre 4,1% du PIB en 2019 avant de s'atténuer à 5,1% en 2021. A fin août, les dépenses globales ont augmenté de 2,5% sous l'effet d'une augmentation de 8,3% des charges au titre des autres biens et services, alors que les dépenses d'investissement ont diminué de 4,7% et celles au titre de la compensation de 6,4%. Impactées par le recul de 8,4% des rentrées fiscales, les recettes ordinaires ont régressé de 6,5%. Le financement des besoins du Trésor est assuré par les ressources internes ainsi que par le recours aux financements extérieurs. Selon la banque centrale, la dette du Trésor passerait à 76,1% du PIB cette année contre 65% en 2019. Elle s'établirait à 75,9% en 2021.

Les IDE reculeraient à 1,5% du PIB

Le déficit du compte courant devrait se creuser à 6% du PIB en 2020, au lieu de 10,3% prévu juin. Ce déficit s'allégerait à 5,2% du PIB en 2021. Bank Al Maghrib prévoit une baisse de 16,6% des exportations avant d'augmenter de 22,4% en 2021, portées en particulier par la progression prévue des ventes du secteur automobile. En parallèle, les importations de biens se contracteraient de 17,4% avant de s'accroître de 17% en 2021. Les recettes de voyage passeraient de 78,8 milliards de DH en 2019 à 23,9 milliards en 2020 avant de rebondir à 49,1 milliards en 2021.

De leurs côtés, les transferts des MRE connaîtraient une baisse limitée: 5% à 61,5 milliards avant de s'améliorer de 2,4% à 63 milliards en 2021. Les IDE reculeraient à 1,5% du PIB contre 2,9% en 2019. Elles reviendraient en 2021 au niveau moyen observé avant la crise.
Khadija MASMOUDI

Donner un avis

Vous devez être connecté pour publier un avis.
Connectez-vous en cliquant ici ou avec votre compte de réseau social