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Défaillances: Interview Amine Diouri - L'Economiste

23 janv. 2015 Inforisk

Au-delà des entreprises qui font l’objet d’un redressement judiciaire ou de liquidation, près de 120.000 sociétés ne donnent aucun signe de vie, relève Amine Diouri, Responsable des Études PME-Observatoire Inforisk de l’Entreprise

- L’Economiste : Comment analysez-vous l’augmentation des défaillances d’entreprises ?- Amine Diouri: Les défaillances ont augmenté de près de 15% en 2014. Le phénomène s’est amplifié sur une période relativement courte. Les défauts d’entreprise ont doublé entre 2009 et 2014. Dans le même temps, les créations d’entreprises n’ont progressé que de 15%. Au-delà des entreprises qui font l’objet d’une procédure judiciaire, le tiers des sociétés répertoriées dans la base d’Inforisk est en veilleuse (ndlr : environ 120.000 entreprises sur un total de 350.000). La principale cause de disparition des entreprises aujourd’hui est l’allongement considérable des délais de paiement particulièrement pour les TPE qui sont les plus fragiles.

- Les défauts progressent plus vite  au Maroc que la moyenne à l’international. A quoi l’expliquez-vous?- Il est vrai que le Maroc figure parmi les pays les plus touchés par la défaillance d’entreprises. Seuls l’Espagne, la République Tchèque, l’Irlande et la Grèce font pire sur les cinq dernières années. Les TPE-PME marocaines représentent plus de 97% du tissu économique national. Ce sont elles qui souffrent le plus de l’allongement des délais de paiement. Leur sensibilité par rapport à cet indicateur est d’autant plus importante que le crédit inter-entreprise constitue leurs principales sources de financement. Entre 2009 et 2014, les délais clients déjà très importants se sont encore allongés de 53 jours passant de 210 à plus de 263 jours pour les TPE. A coté, les délais fournisseurs censés leur donner un peu d’air en termes de trésorerie n’ont pas suivi le même rythme. Ils n’ont augmenté que de 24 jours durant la même période pour s’établir à 227 jours. La difficulté des TPE vient également de la concurrence déloyale des entreprises du secteur informel.

- Le regain de croissance attendu en 2015 peut-il permettre d’inverser la tendance?- La croissance devrait s’établir entre 4 et 5% en 2015 selon différentes sources officielles. Il y a une forte corrélation entre le rythme d’évolution du PIB et les défauts d’entreprises. En dessous de 5% de croissance économique, la courbe des défaillances d’entreprises ne s’inverse pas. C’est dire qu’avec les prévisions de croissance actuelles, il est peu probable que la situation s’améliore.

- Dans quelle proportion les défaillances d’entreprises alimentent-elles le chômage?- Il est difficile d’évaluer précisément l’impact réel des défaillances d’entreprises sur les pertes d’emplois. La liste des sociétés défaillantes intègrent aussi bien les entreprises qui font l’objet d’un redressement judiciaire (et dont les conséquences en termes de pertes d’emplois sont potentielles) que celles qui sont en liquidation, où il y aura réellement des pertes d’emplois.

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