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Délais paiement interentreprises, la loi du + fort

3 sept. 2018 Inforisk
Les grandes entreprises représentent une bonne partie du montant du crédit interentreprises privé (390 Mds de DH) qui poursuit sa tendance haussière depuis plusieurs années maintenant. L’allongement des délais de paiement fournisseur des grandes entreprises est particulièrement néfaste pour les PME.L’a l l o n g e m e n t continu des délais paiement constitue l’un des plus grands périls qui guette l’activité économique. D’ailleurs, le lancement de l’Observatoire des délais de paiement (ODP) en juillet dernier, lors d’une rencontre organisée par le ministère de l’Économie et des Finances et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), traduit la ferme volonté des secteurs privé et public à endiguer le fléau de l’allongement des délais de paiement.Si l’Etat et les entités publiques doivent déployer des efforts pour payer leurs fournisseurs à temps, il en est de même pour le secteur privé, qui fait pâle figure en termes de délai de paiement.D’ailleurs, l’assertion de Salaheddine Kadmiri, vice-président général de la CGEM, lors de la rencontre de juillet dernier, faisant allusion à l’ampleur du travail du secteur privé, est sans appel. «Nous devons balayer devant notre porte», suggérait-il.Il faut dire que les chiffres des délais de paiement entre entreprises du secteur privé suscitent une grande inquiétude. En effet, la TPE affiche un délai de paiement client moyen de 9,9 mois et un délai de paiement fournisseur de 6,6 mois. Pour les deux délais mentionnés, les PME enregistrent respectivement 5,1 mois et 3,5 mois.Pour les grandes entreprises, on constate une inversion de ces deux délais : les grandes entreprises paient leurs fournisseurs à 4,3 mois et se font payer par leurs clients à 3,4 mois. Une situation «complètement anormale», selon Kadmiri.Quand la grande entreprise tue la TPMEAmine Diouri, directeur études & communication d’Inforisk, et Ahmed Elazraq, patron de la société Gtel, spécialisée dans les télécoms, ne manquent pas de pointer la responsabilité des grandes entreprises (Voir leurs témoignages).«L’allongement des délais de paiement fournisseur des grandes entreprises, notamment celles en difficulté et mal structurées, tue les petites entreprises qui ont très souvent des difficultés de trésorerie au Maroc. En tant que petite entreprise, nous éprouvons des difficultés à nous faire payer à temps par certaines grandes entreprises», s’offusque le patron de GTEL, qui reste convaincu que les TPE et les PME financent les grandes entreprises par le biais du crédit interentreprises privé. Ce dernier prend de grandes proportions. Près de 390 Mds de DH d’après les données d’Inforisk.Pour limiter la casse et mettre un terme à l’hémorragie de l’allongement des délais de paiement entre entreprises privées, plusieurs pistes doivent être explorées au Maroc. En cela, il faudrait d’abord commencer à appliquer la loi 45-15 modifiant et complétant la loi n° 15-95 formant Code de commerce et édictant des dispositions particulières relatives aux délais de paiement.A l’instar de la France, des suggestions vont dans le sens de la mise en place d’une instance indépendante investie de pouvoirs de sanctions et chargée du contrôle des délais de paiement fournisseur des entreprises. Bien entendu, redoubler les efforts de sensibilisation auprès des grandes entreprises de l’intérêt de régler à temps leurs fournisseurs à temps doit être de mise. Il en va de la pérennité de notre tissu économique, constitué à plus de 90% de TPME. ■
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