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Délais Paiement: Interview Amine Diouri - L'Economiste

8 janv. 2016 Inforisk
Délais de paiement: la loi inefficace
L’Economiste: Quels enseignements tirez-vous des délais de paiement aujourd'hui?- Amine Diouri: L’étude d’Inforisk montre clairement qu’en dépit de la loi sur les délais de paiement ils ont continué à augmenter pour atteindre 9,3 mois pour les TPE. Cette catégorie d’entreprises a le plus souffert du phénomène puisque les délais se sont dégradés de plus de 2 mois par rapport à 2010. Au niveau sectoriel, la détérioration des conditions de paiement est plus forte dans le BTP puisque les délais se sont allongés de plus de 4,4 mois en quatre ans pour les TPE.- Quel en est l’impact sur la mortalité des entreprises?- Les retards de paiement sont à l’origine de 25% des faillites d’entreprises. En outre, au-delà de 30 jours de retard de paiement, le risque de défaillances est multiplié par 6. L’entreprise doit en effet trouver de la trésorerie supplémentaire pour financer son exploitation (matières premières, salaires, loyer, marketing…). Avec le resserrement du crédit bancaire, elles n’ont pas beaucoup d’alternatives de financement en dehors des fonds propres, d’où l’importance des défaillances.- Y a-t-il des solutions pour limiter les contraintes des délais trop longs?- Le décret sur les délais de paiement des marchés publics en vigueur depuis le 1er janvier est une excellente nouvelle, notamment pour les entreprises du BTP dont l’activité dépend principalement de la commande publique. Le décret plafonne à 60 jours le paiement des marchés publics. Au-delà de cette période, des intérêts moratoires seront appliqués. Dans la pratique, l’on peut s’interroger sur l’efficacité de ces mesures connaissant l’organisation des établissements publics. En France par exemple, les établissements publics sont plus disciplinés que les entreprises privées. L’on pourrait s’inspirer du «name and shame» qui consiste à dénoncer publiquement les mauvais payeurs et à afficher leurs noms. De telles mesures pourraient ramener les entreprises dans les clous, mais avant de sanctionner, il faut que l’Etat lui-même soit irréprochable, ce qui n’est pas encore le cas.
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