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Dette : Quel geste politique demandé au Maroc ?

3 avr. 2020 Aujourdhui le Maroc

Privatisation, remboursement, rééchelonnement…

La dernière sortie de l'agence de notation internationale Moody's était plutôt clémente à l'égard de la situation financière du pays. Il faut dire que depuis l'adoption de la loi de Finances actuellement en vigueur, plusieurs mesures sont venues améliorer les indicateurs économiques de l'Etat durant les derniers mois. Il y a eu tout d'abord la sortie sur le marché international avec un taux jamais obtenu auparavant dans l'histoire du pays. Ensuite, les autorités ont mis en œuvre de nouveaux instruments de financement comme l'achat des nouveaux CHU par un fonds d'une caisse de retraite sans oublier la réactivation des opérations de privatisation avec la cession par l'Etat d'une partie de ses parts dans l'opérateur historique de télécommunications.

Il y a eu également le déclenchement il y a quelques semaines de la deuxième phase de la flexibilité de la monnaie nationale. Tout ceci a donné une bouffée d'oxygène aux finances publiques tout comme les réserves de changes qui demeurent à un niveau confortable de plus de cinq mois. Lorsqu'on sait qu'une nouvelle sortie souveraine sur le marché international pourrait avoir lieu dans les prochains mois sans oublier d'autres opérations de privatisation à hauteur de 3 milliards de dirhams au minimum à la fin de l'exercice budgétaire en cours, l'ensemble de ces ingrédients a poussé l'agence de notation internationale à ne pas changer la note souveraine du Maroc.

Plus encore, Moody's est apparue même plutôt confiante concernant la capacité du Maroc à naviguer au milieu de la tempête économique et financière provoquée par la pandémie du coronavirus à l'échelle de la planète. Cela dit, l'Agence a mis l'accent sur le taux d'endettement du Trésor qui pourrait, selon elle, atteindre les 68% si l'on comptabilise la prochaine sortie internationale et les effets de la crise du Covid-19. Pour atténuer le poids de la dette, la même source s'attend à un geste politique de la part des autorités politiques. «Une amélioration de la notation pourrait être provoquée par une action politique qui permettrait la baisse du ratio de la dette publique, y compris les garanties de dette extérieure pour les entreprises publiques», apprend-on auprès de l'agence de notation.

Celle-ci semble s'intéresser surtout aux établissements et entreprises publics. Certaines parmi ces dernières affichent des taux d'endettement plutôt importants sachant que les dettes effectuées en devises de ces EEP sont le plus souvent garanties par l'Etat, ce qui impacte automatiquement la dette publique globale dépassant largement ainsi les niveaux soutenables selon les normes internationales, notamment ceux de l'Union européenne.
Il faut dire que la marge de manœuvre paraît d'ores et déjà réduite pour les responsables pour prendre un geste politique d'ampleur comme préconisé par Moody's.

L'une des pistes qui paraît aujourd'hui potentiellement intéressante concerne la privatisation de certaines entreprises publiques très endettées. Sur ce plan certaines sources parlent plus d'une ouverture de capital limitée et non pas d'une privatisation pure et dure. Il pourrait également y avoir des demandes de rééchelonnement ou de remboursement de certaines dettes d'entreprises publiques. Cependant, des conditions contenues dans certains prêts déjà conclus interdisent ces recours. Ces options paraissent ainsi éloignées pour le moment.

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