Femmes dirigeantes: Interview Amine Diouri - L'Economiste

Questions à Amine Diouri, responsable de l'Observatoire Inforisk de l'Entreprise- L’Economiste: Qu’est-ce qui a motivé la réalisation de cette étude?- Amine Diouri: Nous voulions apporter un regard neutre mais réel sur la position des femmes au sein des organes de décision dans les entreprises. Elles ont pour une grande partie un niveau d’études élevé (bac+4 au moins) et ont occupé dans leur parcours professionnel des postes d’encadrement ou de direction. Pour cette étude, nous nous sommes focalisés sur les femmes dirigeantes qui ont un poste décisionnel ultime (PDG, DG, gérant…) et qui sont également actionnaires de leur entreprise. Par cette segmentation, nous avons constitué un échantillon de 3.150 sociétés en personnes morales. Notre étude ne prend pas en compte les entreprises en personnes physiques dirigées par des femmes ou les auto-entrepreneuses.- Avez-vous été surpris par des aspects particuliers?- Les entreprises de notre échantillon ont une moyenne d’âge de huit ans, ce qui démontre leur capacité à passer le seuil critique des cinq premières années. Dans 59% des cas, les femmes dirigeantes sont actionnaires majoritaires de la société ce qui leur garantit d’influer durablement sur la stratégie de l’entreprise. Globalement, ces championnes montrent plus de capacité à accroître les revenus de leurs activités. Le taux de croissance annuel a été 4 fois supérieur à celui des hommes entre 2012 et 2013. Cela tient notamment à leur propension à déployer leurs activités hors des frontières. Elles réalisent le tiers de leur chiffre d’affaires à l’étranger contre moins de 15% pour les entreprises pilotées par des hommes.- Où se situe le Maroc par rapport à la tendance à l’international?- Les résultats de notre étude rejoignent la tendance à l’étranger. Une étude réalisée par Women Corporate Directors en 2014 dans plus de 21 pays occidentaux révèle que 12% des entreprises sont dirigées par des femmes. L’on a enregistré un gain de 10 points en 20 ans. Côté performance, les femmes chefs d’entreprises riment avec performance aussi bien en termes de rendement des fonds propres que de distribution de dividendes, selon Ernst & Young. Malgré les clichés véhiculés par nos sociétés machistes, notre étude ainsi que celles réalisées dans d’autres pays démontrent que les femmes sont aussi capables voire plus de diriger une entreprise.