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La campagne céréalière fortement compromise

30 juin 2020 Libération

La crise économique induite par la pandémie du coronavirus et les mesures de confinement sanitaire mises en place pour contrer la propagation du Covid-19 ont eu des impacts significatifs dans la plupart des pays du monde. Au Maroc, cette situation a été exacerbée par « la baisse de la valeur ajoutée agricole intervenue dans un contexte pluviométrique particulier », a relevé récemment la Direction des études et des prévisions financières (DEPF).

Un contexte difficile qui a vraisemblablement compromis la campagne céréalière de la saison agricole en cours.

Se basant sur les dernières données publiées par le département de l’Agriculture, la DEPF a noté que la production céréalière de la campagne agricole 2019/2020 a été estimée à 30 millions de quintaux. Ce qui correspond à un recul de 42% par rapport à la campagne précédente et de 62,3% comparativement à la moyenne des cinq dernières années.

Soulignons que pour le blé tendre, les chiffres montrent que la récolte de cet aliment se serait située à 16,5 millions de quintaux. S’agissant du blé dur et de l’orge, les récoltes se seraient élevées respectivement à 7,5 millions et à 5,8 millions de quintaux.

Si l’on tient compte d’une superficie emblavée estimée à 4,3 millions d’hectares, le rendement céréalier moyen se serait établi à 7 quintaux/hectare, a fait savoir ce département relevant du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration. Dans ce cas, poursuit-il, « il s’agit d’un repli de plus de 50% par rapport à la campagne précédente et de 59,5% par rapport à la moyenne des cinq dernières années ». 

Il est à noter qu’« en termes d’approvisionnement, le niveau de stock enregistré à fin mai 2020 permet de couvrir 5 mois des besoins nationaux pour le blé tendre et jusqu’à 4 mois pour le blé dur », a souligné la DEPF assurant que les stocks sont maintenus à ces niveaux en permanence conformément aux mesures instaurées depuis le début de l’état d’urgence sanitaire.

S’agissant des autres filières agricoles hors céréaliculture, qui présentent l’essentiel de la valeur ajoutée agricole, les données analysées laissent penser qu’elles « devraient enregistrer un comportement globalement favorable, notamment pour les produits des cultures maraîchères et d’arboriculture, profitant des pluies observées depuis la fin du mois de mars ». 

Quant au cheptel, il ressort que les « dernières précipitations enregistrées ont contribué à l’amélioration de la situation des ressources fourragères des parcours et à atténuer partiellement l’impact négatif de la sécheresse ayant marqué cette campagne ».

A noter que le programme de distribution d’orge subventionnée, mis en place par le gouvernement en soutien aux éleveurs pour faire face aux effets de la sécheresse, se déroule selon le programme prévisionnel arrêté, a rapporté la DEPF citant le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts.
« En effet, après une première tranche lancée au premier trimestre de l’année, une deuxième tranche d’une quantité totale de 2.764.300 qx a été mise à la disposition des éleveurs à partir de mars dans les centres de relais de proximité relevant des différentes provinces. Son exécution se déroule dans de bonnes conditions, atteignant un taux de 75% de distribution au profit des éleveurs », avait récemment relevé le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.

Il est à souligner qu’après une première tranche lancée au premier trimestre de l’année et une deuxième d’une quantité totale de près de 2,8 millions de quintaux mise à la disposition des éleveurs, cet autre département annonce qu’une troisième tranche de 2,85 millions de quintaux a été engagée pour couvrir la période estivale, tout en envisageant un doublement de la dotation attribuée à chaque éleveur.

Ajoutant également qu’en matière d’échanges commerciaux avec l’extérieur, la campagne agricole 2019-2020 s’est caractérisée par un bon comportement du volume des exportations, durant la période du premier septembre 2019 au 9 mai 2020, a fait savoir la DEPF.  Dans sa note de conjoncture, elle a indiqué que « les ventes à l’étranger des produits maraîchers se sont renforcées en volume de 6%, en glissement annuel, et celles des produits agricoles transformés, hors sucre et ses préparations, de 17% ». 

Mais à l’instar de la majorité des autres secteurs exportateurs, dans le contexte de l’actuelle crise sanitaire, il ressort que « la valeur des exportations du secteur agricole et agro-alimentaire a accusé une baisse de 7% à fin avril 2020, nourrie d’un recul de 7,4% pour les produits de l’industrie alimentaire et de 5,8% pour ceux du secteur d’agriculture, sylviculture et chasse », a conclu la DEPF.

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