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Les entreprises ont délaissé les banques pour leurs fournisseurs

8 janv. 2016 Inforisk
Le mal des délais de paiement continue de se propager, mais moins rapidement selon les derniers chiffres (2014) d’Inforisk. Consentantes ou forcées, les toutes petites entreprises accordent en moyenne 279 jours à leurs clients et les PME 144 jours. Les délais ont augmenté d’1 jour sur un an mais se sont fortement allongés entre 2010 et 2014 pour ces deux catégories d’entreprises qui, ont le plus besoin de trésorerie. La situation est moins alarmante chez les grands comptes pour qui le délai moyen ne s’est détérioré que de 3 jours en quatre ans pour s’établir à 82 jours.Malgré la stagnation des délais, ils demeurent à des niveaux inquiétants. Comparé à la pratique des entreprises en Europe, la différence est abyssale. Moins de 10% des entreprises paient leurs factures au-delà de 30 jours selon les données de l’Observatoire Altarès.Ici, comme sur d’autres marchés d’ailleurs, nombre d’entreprises ne se gênent pas à allonger la durée de règlement de leur facture surtout si le fournisseur est plus petit. D’une certaine manière chaque entreprise devient le banquier d’une plus grande qu’elle. Avec le crédit qui est moins abondant, le phénomène s’est amplifié au point où le crédit interentreprises qui a culminé à 365 milliards de DH en 2014 (39% du PIB) représente le double de l’encours des prêts bancaires à court terme. Il dépasse la totalité des crédits (trésorerie + équipement) aux entreprises (326 milliards de DH). De 2010 à 2014, le crédit interentreprises a augmenté de 36% contre une hausse de 17% pour les prêts bancaires aux entreprises.Les délais de paiement longs affectent de façon disparate les secteurs mais les entreprises du BTP et les opérateurs dans l’immobilier, la location et les services aux entreprises en souffrent le plus. Et la taille de l’entreprise n’est pas forcément un avantage puisque les délais atteignent en moyenne 306 jours pour les grandes entreprises et 180 jours pour les PME dans l’immobilier, la location et les services aux entreprises. Malgré la loi sur les délais de paiement censée encadrer le phénomène, les pratiques résistent.Dans certains cas, ce n’est pas une question de mauvaise volonté.
Le ralentissement de l’activité économique soumet les trésoreries des entreprises à une forte pression. Elles ont moins d’opportunités, dans le même temps leurs charges ne baissent pas beaucoup à moins de réduire drastiquement les dépenses. Souvent, les charges de personnel sont l’une des principales variables d’ajustement. Par ailleurs, les difficultés de certains grands comptes ont des répercussions sur l’ensemble de l’écosystème.
Les raisons de l’allongement des délais de paiement sont nombreuses, mais pour les experts, un regain de la croissance économique est nécessaire pour endiguer le mal. «Si la croissance revient à 5%, les difficultés dans l’immobilier seront réglés en quelques mois», a récemment confié à L’Economiste M’Fadel El Halaissi, directeur général délégué Pôle banque de l’Entreprise à BMCE Bank of Africa. Les prévisions pour cette année ne laissent guère la place à l’optimisme.
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