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[STATISTIQUES 2017] : Créations d'entreprises

29 mars 2018 Inforisk
Quelle analyse faites-vous des derniers chiffres en matière de créations d’entreprises ?Le contexte n’a jamais été aussi favorable pour la création d’entreprises. Avec la mise en place de la plateforme numérique, le créateur trouvera un guichet unique où gérer toutes les opérations nécessaires à la création, avec un gain de temps non négligeable. Ajoutons à cela, la mise en place il y a 2 ans du statut de l’auto-entrepreneur, qui simplifie drastiquement les aspects administratifs et comptables liés à la gestion de l’entreprise. Dernier élément favorable, la dernière loi de finance 2018 qui supprime les droits d’enregistrements de 1.000 dirhams sur les actes de constitution.Bref, il n’a jamais été aussi simple de créer au Maroc, et « malheureusement », le contexte macroéconomique n’a jamais été aussi favorable avec des taux de chômage élevés notamment des jeunes diplômés urbains approchant les 20%. Beaucoup préféreront se créer un emploi plutôt que de rester chez eux à ne rien faire. Nos chiffres le prouvent : alors que de 2009 à 2015, les créations avaient cru globalement de 18%, on a vu entre 2015 et 2017, une très nette accélération des créations. Durant cette période, celles-ci ont augmenté de 22%. Ce résultat se reflète dans les classements internationaux, notamment le Global Entrepreneurship Monitor qui a noté dans son dernier classement 2018 une amélioration de l’activité entrepreneuriale au Maroc, et a fait progressé notre pays de 5 places à la 65ème place.Les chiffres de créations d’entreprises sont bons mais est-ce suffisant ?Il faut se rappeler quels objectifs on attend de la création d’entreprises. Premier objectif : la création d’emplois. Deuxième objectif : des entreprises qui survivent… et se développent, pour créer encore plus d’emplois. C’est uniquement comme cela que nos TPME contribueront elles-aussi à la masse des emplois créés afin de faire baisser le chômage. Or aujourd’hui, nous sommes loin de ces objectifs. Une étude d’Inforisk réalisée en 2016 montrait qu’après 5 ans d’existence, seulement 60% des entreprises créées continuaient d’être actives, c’est-à-dire vivantes. Durant ce laps de temps, 40% de nos startups créées avaient soit disparu soit mise en sommeil. Autre point crucial révélé par cette étude : après 5 ans, 80% des entreprises créées étaient toujours des TPE, avec des rythmes de croissance du chiffre d’affaires très faibles.Quels sont les facteurs explicatifs à ce problème de développement ?Comme on l’a vu, le problème n’est pas la naissance administrative de l’entreprise qui a été hyper simplifiée. Il est d’abord dans l’acte d’entreprendre lui-même. Il manque clairement une composante « Accompagnement à la création d’entreprises », fonction qui aurait du être remplie par les CRI. Cet accompagnement-conseil permet au créateur de construire son business plan : étude de marché, cpc prévisionnel, besoin de financement exact… Si 40% des startups créées ne survivent pas après 5 ans, c’est aussi parce que le démarrage n’a pas été bien préparé et que le management a été faible.L’environnement des affaires n’aide pas non plus au développement serein de la nouvelle entreprise : difficulté à générer du chiffres d’affaires, du moins ses premières commandes. A coté de cela, la question des délais de paiement est fatale pour la TPE. D’ailleurs, 99% des entreprises défaillantes sont de très petites structures. Comment survivre quand vos clients vous paient à 10 mois, sachant que derrière il faut payer les fournisseurs, le loyer… Il est nécessaire pour aider nos TPME à survivre de mettre en œuvre la loi 49-15 sur les délais de paiement. Autre point majeur, la question du financement des problèmes de trésorerie. Les statistiques de Bank Al Maghrib sont claires, les encours de crédit de trésorerie diminuent d’année en année. Dans le même temps, le crédit interentreprises explose. Il est nécessaire de trouver une alternative en fonds propres pour aider nos entreprises. Hormis le cas du financement de l’innovation, le capital-investissement n’est pas approprié pour financer des TPE. Reste à mon avis le crowdfunding qui représente une solution intéressante.=> Bref, dans ce contexte défavorable, il est impossible de demander à une startup de créer de l’emploi. Ne nous y trompons pas. Si le programme Tahfiz n’a pas encore eu les effets escomptés, c’est qu’il y a un faible réservoir de TPME qui ont la possibilité d’embaucher, malgré les incitations (exonérations fiscales et sociales) proposées.
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