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Transmission d'entreprises: la cession encore taboue

10 janv. 2017 Inforisk

Les entrepreneurs fondateurs se détachent difficilement des commandes de leur entreprise. Bien que «60% des dirigeants d’entreprises familiales intègrent le concept de transmission contre 46% en 2011, le sujet est toujours considéré comme tabou», révèle Zakaria Fahim, président BDO Maroc.Le cabinet d’études BDO a analysé le classement Essor/Inforisk portant sur 1.000 PME, sur la base de leur chiffre d’affaires. Près de 100 d’entre elles ont été ciblées, dont au moins 33 sont familiales. Environ 70% des PME sondées ont un capital inférieur à 70 millions de DH, les 30% restantes varient entre 30 et 100 millions de DH, voire plus. Ce type d’entreprises emploie environ 26 personnes, comptant une moyenne de 4 cadres. A peine 4% des dirigeants sont des femmes. En revanche, l’écrasante majorité est de formation supérieure. La moyenne d’âge est de 47 ans. Plus de 9 sur 10 chefs d'entreprises ont une expérience antérieure (salarié,…).

La transmission est de plus en plus une nécessité pour les cédants d’entreprises familiales. Mais pour les repreneurs, elle reste une question de choix et surtout d’opportunités. Les dirigeants décident de céder avant tout pour des raisons liées à la conjoncture du secteur d’activité ou pour l’appât d’un bon deal. Les offres de rachat n’aboutissent pas d’abord pour des raisons objectives: mauvaise estimation de la valeur de l’entreprise et insuffisance de préparation à la transmission. Mais il y a aussi les raisons affectives (attachement à l’entreprise notamment). «Le fondateur au départ gère seul. Il a tous les pouvoirs et a du mal à lâcher prise le moment venu», explique Zakaria Fahim.

La vente à un tiers constitue le mode de transmission préféré des dirigeants d’entreprises interrogés (6/10). Et même au sein des structures familiales, les avis sont partagés et la vente à un tiers séduirait 47% des dirigeants. La majorité des PME familiales privilégient la succession pour assurer l’avenir de la progéniture et sauvegarder une tradition familiale. Près de 6 fois sur 10, le successeur est déjà désigné mais ne travaille pas encore au sein de l’entreprise (58%). Les choix sont généralement portés sur le fils/fille (48%) ou le frère (42%). Environ 53% des successeurs désignés n’ont pas encore 30 ans (moyenne d’âge de 29 ans et près de 72% ont une formation supérieure).

Dans l’entreprise familiale, la vente à un tiers est le plus souvent une alternative à un manque de relève motivée ou compétente (1 fois sur 2) ou du fait de problèmes familiaux (2 fois sur 5). Par contre, aucune entreprise du panel n’a proposé l’introduction en Bourse comme moyen de transmission. Globalement, le processus de transmission engendre beaucoup d’appréhensions chez le dirigeant: 4 sur 10 le jugent difficile. Surtout par rapport aux problèmes avec les partenaires (banques, clients, fournisseurs, divers créanciers…) (76%).

Les problèmes avec les partenaires en amont ou en aval (banques, fournisseurs, clients,…) constituent le principal obstacle dans le processus de transmission, suivi en cela des problèmes intra-entreprises (juridique, comptable, personnel,…). Viennent ensuite les difficultés entre cédants et repreneurs et le manque d’assistance et d’information dans la phase de transmission. Les problèmes administratifs sont cités par 1 dirigeant sur 2.

Recommandations

A peine 4% des entreprises interrogées sont au courant de l’existence d’un portail de la transmission d’entreprise au Maroc (www.transmission.ma). La création de banques de données informatisées et bourse d’échanges cédants-repreneurs atténuerait le déficit d’information sur ce marché. Le coût du financement rachat d’une entreprise par un acquéreur est prohibitif. Le taux de financement devrait être assimilé au taux d’un crédit d’investissement et non à celui d’un crédit personnel. Pour se prémunir des passifs latents, le repreneur gagnerait à rédiger une clause de garantie de passif et une clause d’earn-out (règlement du prix fractionné dans le temps). Sur le plan fiscal, il a été recommandé à la DGI d’opter pour que les charges d’intérêts sur le financement de la reprise soient déductibles de l’impôt sur le revenu de l’acquéreur (personne physique).

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