À l'occasion d'une réunion consacrée au développement de l'industrie navale, Ahmed Réda Chami et Mohamed Abdeljalil ont mis en lumière l'importance stratégique de ce secteur pour renforcer l'industrialisation et la souveraineté économique du Maroc.
Lors d'une rencontre dédiée à la présentation d'un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le développement de la construction navale au Maroc, Ahmed Réda Chami, président du Conseil, a clairement indiqué que le Royaume possède des atouts indéniables pour devenir un acteur majeur dans ce secteur.
Avec ses 2.500 km de côtes et une main-d'œuvre qualifiée, le Maroc dispose des bases nécessaires, mais plusieurs obstacles freinent son ascension vers une position de leader dans l’industrie maritime.
Chami a particulièrement souligné l'importance de tirer parti des synergies avec d’autres secteurs industriels clés comme l’automobile, l’aéronautique, la mécanique et l’électronique.
Malgré ces opportunités, il a averti que la domination actuelle de grandes puissances navales comme le Japon, la Corée du Sud, ainsi que des pays émergents tels que la Turquie et le Vietnam, constitue un défi considérable à surmonter.
Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique, a pris la parole lors de cette réunion pour détailler la stratégie nationale de formation d'une flotte commerciale maritime compétitive, conformément aux orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Dans Son discours prononcé à l’occasion de la commémoration du 48ème anniversaire de la Marche Verte, le Souverain a souligné l'importance de développer une flotte maritime commerciale forte pour connecter efficacement les différentes composantes du littoral atlantique africain et positionner le Maroc en tant que hub économique régional et international.
Cette stratégie, en cours d’élaboration, repose sur l'infrastructure portuaire de classe mondiale du Maroc, notamment Tanger Med, Nador West Med et Dakhla Atlantique, et vise à renforcer l’intégration régionale avec les pays de l’Afrique atlantique.
L’ambition est de doter le pays d’une flotte commerciale solide d’ici 2040, capable de soutenir la croissance du commerce extérieur marocain et de renforcer sa souveraineté économique.
Le ministre a souligné que pour garantir le succès de cette stratégie, un cadre juridique et fiscal attractif est indispensable.
Il a évoqué des réformes fiscales, telles que l'adoption d'une « taxe sur la charge » similaire à celle en vigueur en Europe, et des mesures incitatives pour attirer les investissements dans le secteur maritime.
Des efforts sont également prévus pour développer les compétences locales à travers des formations spécialisées, tout en visant à créer une véritable industrie de construction navale nationale à long terme.
En dépit d’un chiffre d’affaires moyen de 500 millions de dirhams généré entre 2013 et 2022, le secteur de la construction navale reste encore limité à la réparation et l’entretien de bateaux de pêche, avec une contribution marginale de 0,01 % au PIB et la création de seulement 700 emplois.
Le président du CESE a identifié cinq obstacles majeurs freinant son développement : l'absence d'une stratégie globale et intégrée, des infrastructures inadaptées, un cadre juridique et fiscal obsolète, des difficultés d'accès aux financements, et une pénurie de ressources humaines qualifiées.
Obstacles identifiés : La feuille de route du CESE
Le président du CESE a mis en lumière les obstacles majeurs qui réduisent la compétitivité du secteur, affectant notamment les coûts des services et la capacité du Maroc à capitaliser sur les opportunités d'un marché mondial de la construction navale estimé à 11 milliards de dollars par an dans les bassins atlantiques et méditerranéens.
Il a averti que l’inefficacité actuelle du secteur empêche également le Maroc de réduire sa dépendance aux importations. Chami a recommandé de développer une stratégie nationale intégrée pour la construction navale, en tenant compte de tous les facteurs influençant la performance et la compétitivité du secteur.
Il a suggéré une approche progressive, débutant par des activités simples comme la rénovation et la réparation de navires, tout en renforçant les capacités dans la construction de petits et moyens navires.
Cette méthode vise à améliorer les compétences, à accroître la valeur ajoutée du secteur et à cibler les marchés locaux et internationaux, notamment en Méditerranée et en Afrique atlantique.
Il a souligné que, si elle est bien mise en œuvre, la stratégie nationale pourrait propulser le Maroc au rang d'acteur clé dans l'industrie mondiale de la construction navale, en réduisant sa dépendance aux importations et en exploitant pleinement son potentiel maritime.
Le rapport du CESE insiste sur la nécessité d'une transformation structurelle pour atteindre cet objectif d'ici 2040.