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Le CMC planche sur la croissance économique au Maroc

16 janv. 2020 Libération

Bien qu’elles demeurent encore relativement limitées, les modifications apportées au régime fiscal des zones franches d’exportation laissent  transparaître un changement profond d’orientation dans la stratégie industrielle appliquée jusqu’alors, selon le Centre marocain de conjoncture (CMC).

Ainsi qu’il l’a relevé dans sa dernière publication mensuelle «Maroc Conjoncture » (n° 319), « les nouvelles dispositions fiscales du budget 2020 accordent une place de choix aux zones franches d’exportation rebaptisées, à l’occasion, zones d’accélération industrielle ».

Dans ce spécial, consacré à la « Croissance économique au Maroc : Indicateurs et éléments de stratégie », l’institution de recherche et d’études macroéconomiques, sectorielles, démographiques et commerciales a noté que ces nouvelles dispositions se conforment aux engagements pris vis-à-vis des partenaires de l’UE.

Dans cette publication parue récemment, le Centre a également précisé que ces modifications « concernent les avantages fiscaux accordés aux entreprises opérant dans les zones franches d’exportation et intéressent plus particulièrement les prélèvements opérés au titre de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le revenu ».

Cependant, sachant que le succès des zones d’accélération industrielle tient moins aux avantages nominaux de la fiscalité qu’aux facteurs de productivité développés par la destination, il a affirmé que « les modifications apportées au régime fiscal seront d’un faible impact sur l’attractivité des investissements sur le moyen et long termes ».

Il est à souligner que cette publication a accordé une attention particulière à bien d’autres sujets d’actualité tels que le Brexit, le climat des affaires au Maroc ou encore l’inflation.

Concernant le Brexit, le CMC a rappelé que le Maroc a estimé judicieux de contracter un accord de partenariat avec la Grande-Bretagne pour mieux garantir la continuité de ses relations bilatérales et sauvegarder la régularité des flux de ses échanges avec cette entité.

Dans cette entente, il est essentiellement question de « protéger les exportations marocaines d’un surplus d’imposition de droits de douane, dans le cas où le Royaume-Uni venait à quitter l’Union européenne », a expliqué le Centre soulignant que cette vision stratégique trouve son prolongement dans la préservation des intérêts de politique étrangère auprès des membres permanents du Conseil de sécurité.

« Une précaution par laquelle le Maroc souhaite prévenir les retombées négatives qui pourraient découler de cette volonté britannique visant à faire revivre son projet identitaire dans une réhabilitation de son unité », a ajouté l’institution.

S’agissant du climat des affaires au Maroc, le CMC s’est intéressé à deux études aux résultats contradictoires soulignant que « le rapport Doing business fait état d’une amélioration de 7 places du classement du Maroc, alors que les résultats de l’enquête du HCP sur les entreprises dressent un tableau plutôt sombre».

Pour le Centre marocain de conjoncture, «cette dichotomie interpelle sur l’extrême importance des méthodologies dans la validité des résultats des études et statistiques et sur la nécessaire prudence dans l’interprétation des résultats et leurs mise à profit pour la conduite des politiques publiques ».

L’autre inquiétude du CMC concerne l’analyse de l’inflation. Sur ce sujet, il a noté qu’« à défaut d’un meilleur indicateur, l’inflation est approchée par l’indice des prix à la consommation (IPC) qui ne fait pas l’unanimité quant à son aptitude à exprimer la réalité de la perte de pouvoir d’achat de la monnaie ».

Pour le Centre, « l’IPC n’est à considérer  que comme un indicateur partiel de la variation des prix à la consommation et ne saurait, en conséquence, rendre compte de manière satisfaisante du phénomène inflationniste tel que ressenti par la population », a-t-il insisté.

Et pour cause : «L’impact de la dépréciation de la valeur des unités monétaires ne se traduit pas exclusivement par la baisse du pouvoir d’achat des ménages mais touche toutes les catégories d’agents et partant, couvre l’économie nationale dans sa globalité».

Observatoire privé et indépendant de l’économie marocaine spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, le Centre marocain de conjoncture a été créé en 1991. L’institution se donne comme mission de contribuer à une meilleure connaissance de la conjoncture socioéconomique, globale et sectorielle, tant sur le plan national qu’international; d’accompagner les opérateurs économiques dans leurs actions d’anticipation et de prise de décision en mettant à leur service un dispositif d’informations fiable et opérationnel tourné vers les prévisions ainsi que d’accompagner les décideurs dans l’élaboration de leurs stratégies.

Dans le cadre de ses activités, le CMC  veille également à la formation des cadres d’entreprises des secteurs public et privé, permettant ainsi de perfectionner les compétences, et promeut le débat et la réflexion entre l’université, l’administration et l’entreprise tout en participant à la modernisation de l’économie.

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