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Textile-habillement: Bouffée d’oxygène pour les exportateurs

2 avr. 2020 L'Economiste

C’est une petite éclaircie, mais une éclaircie quand même pour les sous-traitants de textile-habillement. Les entrepôts en France, deuxième marché extérieur du secteur, ont rouvert lundi 30 mars. Ce qui permettra aux marchan­dises entreposées chez les transporteurs au Maroc d’être expédiées. Il s’agit de commandes confirmées en janvier dernier dont la livraison était prévue en mars. En revanche, celles qui devaient être livrées en avril ne pourront pas être honorées dans les délais faute d’intrants.

Les industriels placent leurs espoirs sur la saison automne-hiver dont les li­vraisons ont été décalées à fin juillet au lieu de mai, habituellement. Par contre, les annulations des commandes pour la collection printemps-été 2020 pleuvent, les magasins étant fermés en France. Le e-commerce n’a pas réussi à compenser ce manque à gagner.

Avant le déclenchement de la crise du coronavirus, les usines locales étaient en train d’honorer les commandes de la saison printemps-été 2020 confirmées en décembre dernier et dont les premières expéditions avaient été livrées vers oc­tobre-novembre.

Les produits ayant connu un succès commercial ont fait l’objet de nouvelles commandes, livrées de décembre à mars, date d’instaura­tion de l’état d’urgence sanitaire. «Une grosse partie de ces commandes n’a pu être livrée en raison du confinement tant au Maroc qu’à l’étranger. Les pertes pour les importateurs à l’étranger sur la saison pourraient atteindre 80%. Des pertes qui se répercuteront forcément sur les usines de sous-traitance au Maroc».

Les délais de paiement ne pose­raient pas de problème. Les marchan­dises reçues sont réglées dans les délais. Depuis le déclenchement de la crise du coronavirus et l’adoption de mesures de confinement, les sociétés de messagerie n’assurent plus la remise des factures papier dans certaines zones isolées.

Les importateurs se contentent maintenant de documents scannés. L’ordre de virement est effectué après diligence d’usage. Ce n’est pas le cas de beaucoup d’opérateurs du marché local. Par conséquent, les tex­tiliens exigent un paiement par avance.

Comme le confirme l’Amith, des usines ont fermé. Les salariés ont été mis en chômage technique et bénéficieront de l’indemnité (2000 DH) prévue par le fonds spécial. Certaines usines pour­raient être condamnées car les opérateurs redoutent qu’une grosse partie des com­mandes ne reviennent jamais après la sor­tie de la crise.

La fin de la pandémie ne se traduira pas automatiquement par une reprise générale. «Il faudra attendre au moins une année pour que le secteur du textile revienne à son état d’avant la crise parce que l’impact économique sera lourd et ne manquera pas d’impacter le pouvoir d’achat», affirme un textilien.

Solidarité en temps de crise

POUR prendre une décision au sujet de leurs transactions, les clients à l’étranger se basent sur la situation des commandes. Ainsi, les opérateurs locaux sont invités à annuler leurs achats d’intrants, de ne pas passer à la phase fabrication ou de la reporter jusqu’à nouvel ordre. Le problème se pose sur­tout pour les produits finis, emballés, étiquetés et prêts pour l’export.

Certains produits étaient déjà dans la chaîne de production à la veille du déclenche­ment de l’état d’urgence sanitaire. Des négociations permettent de trouver un compromis entre les exportateurs et les donneurs d’ordre étrangers. Le deal consiste en l’annulation de la commande moyennant un paiement partiel des in­trants.

«Actuellement, ce sont surtout les clients français qui sont les plus pénali­sés à cause de la fermeture des maga­sins. En revanche, les donneurs d’ordre d’Allemagne s’en sortent mieux puisque les pouvoirs publics n’ont pas décrété l’état d’urgence. Par conséquent, aucune demande d’annulation n’émane de don­neurs d’ordre allemands».

En raison de la fermeture des en­trepôts en France, les marchandises s’entassent dans les dépôts logistiques au Maroc. Impossible de réorienter ces produits sur le marché allemand.

En temps «normal», lorsqu’un don­neur d’ordre annule une commande, il exige que les articles soient dégriffés pour qu’ils soient vendus sur le marché local. Les marchandises qui n’auront pas été exportées seront cédées à des opérateurs locaux à l’affût de ce genre d’opportunités.

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