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Aéroports 2030: Les ambitions XXAiles de l'ONDA

19 févr. 2025 L'opinion

L’ONDA a dévoilé, le 18 février, la stratégie "Aéroports 2030" pour moderniser les infrastructures aéroportuaires en prévision de la Coupe du Monde 2030. Ce plan prévoit l’extension des principaux aéroports et une amélioration de l’expérience «passager». Une réforme institutionnelle pourrait également transformer l’Office en société anonyme.

Cet été, ainsi que pendant la période du Réveillon, les images de l’aéroport de Marrakech, submergé par des files d’attente interminables, ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias étrangers, ternissant l’image d’un pays touristique doté d’infrastructures modernes et censé pouvoir accueillir des événements sportifs d’envergure mondiale.
 
Plusieurs aéroports nationaux se sont révélés sous-dimensionnés face à cet afflux historique de touristes, mettant en lumière la nécessité d’investissements pour accroître leur capacité d’accueil. C’est la mission que s’est donné Adel El Fakir, nommé en juin 2024 à la tête de l'Office national des Aéroports (ONDA), avec pour mission de réorganiser et de moderniser ses infrastructures.
 
Ce 18 février, le directeur général de l’ONDA a révélé la nouvelle stratégie “Aéroports 2030”, un plan ambitieux qui vise à moderniser les infrastructures, mettre l’expérience client aux standards internationaux et transformer en profondeur l’Office. Cette stratégie vise à relever trois challenges majeurs pour les aéroports marocains à l’horizon 2030.
 
Le premier défi concerne la forte croissance du trafic aérien, avec une augmentation de 32% en 2023 par rapport à 2022 et 21% attendus en 2024 par rapport à 2023. Cette dynamique impose une adaptation rapide des infrastructures pour répondre à la demande croissante des voyageurs.
 
Le deuxième enjeu est lié au développement de Royal Air Maroc. La compagnie nationale ambitionne de passer de 50 à 200 avions d’ici 2037, ce qui nécessite un renforcement des capacités aéroportuaires et une optimisation des services pour accompagner cette expansion.
 
Le troisième challenge est l’organisation de la Coupe du Monde 2030, un événement qui exige des aéroports marocains une modernisation et une mise à niveau pour garantir un accueil fluide et efficace des délégations, supporters et touristes attendus.
 
Extension des aéroports
 
Cette stratégie prévoit un vaste programme de développement des infrastructures aéroportuaires pour accompagner la croissance du trafic aérien. À Casablanca, les projets incluent la construction d’un nouveau terminal en mode hub, une nouvelle piste, une nouvelle tour de contrôle, ainsi qu’une intermodalité avec la LGV, afin d’améliorer la connectivité et la fluidité du transport.
 
En effet, l’aéroport Mohammed V est au cœur de cette nouvelle stratégie et deviendra, à l’horizon 2029, un hub intercontinental reliant l’Afrique, l’Europe, l’Asie et les Amériques, avec une capacité portée de 14 à 35 millions de passagers.
 
À Marrakech, Agadir et Fès, les travaux se concentreront sur le doublement et le réaménagement des terminaux existants pour mieux absorber l’augmentation du nombre de passagers. Quant à Tanger, la perle du détroit bénéficiera de la construction d’un nouveau terminal, permettant d’optimiser la capacité d’accueil et d’améliorer l’expérience des voyageurs.
 
Sans oublier Rabat et Tétouan, qui font déjà l’objet de travaux d’extension. L’aéroport de la capitale verra, en 2025, sa capacité passer de 2 millions à 5 millions de passagers par an, tandis que celui de Tétouan, dont les travaux devraient s’achever en 2027, il pourra accueillir 1 million de passagers contre 300.000 actuellement.
 
Des bagages en 10 min
 
Cette vision s’accompagne d’une amélioration substantielle de l’expérience client. “De la gestion du ciel à l’expansion de nos plateformes aéroportuaires, du tarmac au traitement des bagages à l’arrivée ou, au départ, de l’enregistrement à l’embarquement, le parcours client connaîtra une transformation qui est déjà en marche, digitale mais aussi humaine”, promet Adel El Fakir.
 
La stratégie Aéroports 2030 ambitionne de révolutionner l’expérience client, en intégrant les dernières avancées en matière de digitalisation et d’innovation. L’ONDA ambitionne de faire de ses aéroports de véritables espaces de vie connectés où chaque étape du parcours passager – de l’enregistrement à l’embarquement – sera fluidifiée grâce à des solutions technologiques de pointe.
 
Par exemple, Adel El Fakir assure que la livraison des bagages ne dépassera pas 10 minutes, alignant ainsi les aéroports marocains sur les meilleures normes internationales. Cette optimisation permettrait de fluidifier le trafic, de réduire l’engorgement et de minimiser les temps d’attente pour les passagers.
 
D’Office à SA
 
Pour financer cette ambition, le DG a expliqué qu’il compte attirer des financements auprès d’investisseurs privés, confiant dans la solidité de son business plan. Pour ce faire, la nouvelle stratégie engage une profonde réforme institutionnelle, avec une transition vers un nouveau statut juridique visant à renforcer son efficacité opérationnelle. Cette évolution pourrait aboutir à l’adoption du statut de société anonyme.
 
Cette transformation s’inscrit dans la réforme du secteur des établissements et entreprises publics, dont la mise en œuvre incombe à l’Agence nationale chargée de la gestion stratégique des participations de l’État. Cette orientation stratégique a été adoptée lors d'un Conseil des ministres présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le 1er juin 2024.
 
D’autres établissements publics devraient bientôt suivre le même processus dans les prochains mois, comme l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) ou l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).

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