Le conflit a pris de l’ampleur à partir de la fin de l’année 2018 et a abouti à une plainte auprès de l’AMMC déposée par un investisseur de ce fonds géré par la société Green Innov Invest de Mme Bouhia.
La qualité de quelques protagonistes donne une certaine ampleur à cette situation. L’Etat est directement concerné à travers la CCG. La Caisse centrale de garantie avait lancé en octobre 2017 l’initiative Innov Invest. En décembre, le fonds en question a été agréé par l’AMMC. Il fait partie des quatre fonds sélectionnés fin 2017 pour accompagner l’initiative de la CCG. Les trois autres sont Azur Innovation, Seaf Morocco Growth Fund et Maroc Numeric Fund II.
Azur Innovation et Seaf Morocco Growth Fund ont été choisis par la CCG après un appel à manifestation d’intérêt. Maroc Numeric Fund II et Green Innov Invest ont été retenus dans le cadre du dispositif dédié au soutien des initiatives privées, une procédure par laquelle la CCG vient en appui à des initiatives existantes visant le financement de startups innovantes.
Le programme Innov Invest est doté, pour rappel, d’une enveloppe de 500 MDH, un montant financé par la Banque mondiale par voie de prêt accordé à l’Etat marocain.
Green Innov Invest est porté par la société Global Nexus, fondée et dirigée depuis 2015 par Hynd Bouhia. Une femme connue du monde de la finance, puisqu’elle a été DG de la Bourse de Casablanca de 2007 à 2008.
C’est ce fonds qui a fait l’objet le 29 mars d’une plainte auprès de l’AMMC. Mais commençons d’abord par situer le fonds Green Innov Invest, ses dirigeants, ses sponsors et sa vocation.
Le fonds Green Innov Invest, sujet de la plainte, est porté par la société Global Nexus, fondée et dirigée depuis 2015 par Hynd Bouhia. Une femme connue du monde de la finance, puisqu’elle a été DG de la Bourse. Cette femme bardée de diplômes a débuté sa carrière dans la Banque mondiale à Washington (1996 à 2004), avant d’intégrer le cabinet du Premier ministre Driss Jettou en tant que chargée de mission (2004 à 2007).
Le magazine Forbes la cite régulièrement dans son classement des femmes les plus influentes dans le monde. En 2008, elle a été classée par la publication américaine 29e au palmarès des 100 dirigeantes les plus influentes du monde, devançant comme le relève alors Jeune Afrique, Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Liberia, arrivée en 66e position.
Le fonds en question réunit dans son tour de table quatre investisseurs, dont deux publics : la Caisse Centrale de Garantie, l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN). Les deux investisseurs privés sont la société Sefinia et la holding H&A.
Selon nos informations, les faits reprochés à Hynd Bouhia en tant que dirigeante de Global Nexus, société gestionnaire du fonds, sont nombreux. Certains relèvent de remarques sur la gouvernance du fonds (conformité des instances de décision et de contrôle), d’autres sur les procédures de souscription et de règlement-livraison des parts, l’égalité de traitement entre investisseurs, ainsi que la nature et la légalité des investissements réalisés et enfin une situation de conflit d’intérêts dissimulé.
Déposée le 29 mars, la plainte devant l’AMMC n’a toujours pas débouché sur une décision, son traitement a été clôturé, selon nos sources.
Le régulateur peut ouvrir une enquête approfondie, ou transmettre le dossier au collège des sanctions. Ce sont là les deux options qu’offre le règlement. Selon nos informations, c’est la première option qui a été retenue par l’AMMC.
Nous avons tenté, dans le cadre de cette enquête, de joindre Hynd Bouhia pour recueillir sa réaction quant aux accusations portées contre elle. Mais elle n’a pas donné suite à nos sollicitations. Nous avons également contacté son avocat Me Abderrahim Bouhmidi qui a refusé également de répondre à nos questions.