Stroc n’est pas encore sortie de la zone de turbulences. Au contraire, le sort de l’entreprise repose entre les mains du juge qui doit statuer ce jeudi 7 juin sur la requête d’un salarié. Ce dernier a saisi le tribunal de commerce pour l’ouverture d’une procédure en vue de la liquidation de Stroc Industrie. Les retards de salaires seraient à l’origine de sa démarche.
Comme le plaignant, d’autres employés ont saisi l’inspecteur du travail pour les mêmes raisons, avoue à L’Economiste Nabil Ziatt, PDG de Stroc Industrie. Mais, le dirigeant dit «ne pas comprendre la motivation du salarié de solliciter la liquidation de l’entreprise auprès du tribunal de commerce».
A l’issue de l’audience de jeudi prochain, le juge peut prononcer un redressement judiciaire ou la liquidation. Il peut aussi rejeter la requête du salarié ou proposer l’adoption d’un plan de sauvegarde. «Nous restons confiants par rapport à la décision qui sera prise», confie Nabil Ziatt.
La société qu’il dirige connaît de grosses difficultés de trésorerie et n’est pas à jour pour les cotisations CNSS et des impôts. «Nous avons signé des protocoles avec les organismes concernés», souligne Ziatt. Les retards de salaires sont l’un des effets collatéraux de la tension sur la trésorerie comme les difficultés à honorer les fournisseurs.
«Nous avons tenu une réunion du personnel durant laquelle nous avons expliqué les difficultés de l’entreprise et donner le choix aux collaborateurs de quitter l’entreprise ou de traverser avec elle cette période difficile», relève le PDG.
Les difficultés de Stroc Industrie ont démarré juste après l’introduction en Bourse en 2011 et se sont accentuées ces dernières années. «Le contexte est difficile pour tout le secteur», avance Nabil Ziatt. Pour Stroc Industrie, les dettes fournisseurs qui dépassaient 300 millions de DH à fin 2017 constituent un facteur de risque. Aujourd’hui, l’entreprise n’a le soutien que de deux banques. Et, il lui sera difficile de mobiliser des fonds sur le marché pour se ré-oxygéner.
En 2017, elle a enregistré une perte de 104 millions de DH pour un chiffre d’affaires de 138 millions de DH (-53%). L’entreprise doit continuer à réduire ses charges pour s’en sortir. «Nous espérons atteindre l’optimum en 2018», souhaite Ziatt.
Le groupe dispose d’un carnet de commande de 400 millions de DH. Il s’attend à un meilleur exercice que le précédent. Mais sa situation financière ne lui permet pas d’être plus ambitieux. «Nous essayons de choisir les commandes qui nous sont certaines».