L’américain Uber a donné jeudi le coup d’envoi officiel de ce qui sera l’une des plus importantes entrées en Bourse de l’histoire, autour de 100 milliards de dollars.
A cette occasion, le leader mondial des plateformes de réservation de voitures avec chauffeur a révélé son premier bénéfice…mais uniquement dû à des cessions d’activités.
Selon des sources bancaires, Uber vise une valorisation –la valeur totale de l’entreprise en bourse calculée en multipliant le prix de l’action par le nombre de titres en circulation– proche de 100 milliards de dollars. Ces sources évoquent également une entrée en Bourse qui pourrait intervenir en mai.
Uber a déposé son dossier au gendarme américain des marchés, la SEC, mais sans encore préciser ses ambitions en terme de levée d’argent frais à cette occasion ni la date de sa première cotation.
Dans ce document, Uber a donné des détails sur ses finances, avec un chiffre d’affaires en 2018 de 11,3 milliards de dollars (+42% sur un an) et un bénéfice net de près d’un milliard de dollars contre une perte de 4 milliards en 2017.
Mais ce bénéfice est dû à des cessions d’activités à des concurrents en Russie et en Asie du Sud-Est, est-il précisé. La perte d’exploitation, qui reflète mieux la situation opérationnelle de la firme, était quant à elle d’1,8 milliard de dollars.
« En 10 ans, à mesure que les besoins et les préférences de nos clients ont changé, nous avons changé nous aussi. Aujourd’hui, nous devenons encore quelque chose de différent: une entreprise cotée », a écrit le patron du groupe Dara Khosrowshahi dans une lettre jointe au document boursier.
Le chiffre de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière espérée est inférieur aux prévisions les plus optimistes qui circulaient jusque-là –autour de 120 milliards– vraisemblablement à cause des déboires de son concurrent américain Lyft dont les premiers pas à Wall Street fin mars se sont révélés décevants.
Alors que les deux concurrents avaient bataillé ferme pour se lancer en premier sur les marchés, il semble donc au final qu’Uber va pouvoir bénéficier de l’expérience difficile de son rival, en se montrant plus prudent quant à la valorisation attendue.
Le secteur attire énormément les investisseurs, qui misent sur les changements d’habitude des consommateurs, de plus en plus enclins à abandonner la voiture personnelle au profit de modes de déplacement partagés. Ils parient aussi sur la conduite autonome, sur laquelle travaillent les deux firmes.
En tout état de cause, une entrée en Bourse d’une telle ampleur sonnerait comme une revanche pour Uber et une marque de confiance des marchés pour Dara Khosrowshahi, nommé en 2017 pour succéder au fondateur Travis Kalanick, poussé vers la sortie par des investisseurs inquiets des scandales.
Jouissant d’une image à l’opposé de son sulfureux prédécesseur, M. Khosrowshahi s’efforce depuis de redorer le blason d’Uber et d’assainir les finances d’un groupe qui a encore perdu 865 millions de dollars rien que sur les trois derniers mois de 2018.
Présent dans quelque 65 pays, Uber fait néanmoins toujours face à de gros défis, contesté, souvent en justice par les taxis traditionnels ou poursuivi par des chauffeurs. « Nos activités seraient pénalisées si les chauffeurs devaient être reconnus comme salariés et non plus comme travailleurs indépendants », reconnaît Uber.
L’entreprise a racheté récemment son concurrent au Moyen-Orient Careem et a lancé mercredi ses vélos et trottinettes Jump à Paris.
Mais elle ne s’arrête pas au transport à deux ou quatre roues et s’est diversifiée en particulier dans la livraison de plats à domicile avec Uber Eats. Un service disponible dans 500 villes avec un réseau de 220.000 restaurants, ce qui en fait la plus grande plateforme de ce genre hors de Chine, affirme l’entreprise.
Elle a aussi lancé Uber Freight, qui veut révolutionner la logistique et le transport routier comme Uber a révolutionné le transport individuel. Cette application met depuis 2017 en relation chauffeurs routiers et entreprises désireuses de transporter des marchandises.
Ce segment a réalisé un chiffre d’affaires de 125 millions de dollars sur les trois derniers mois de 2018 et a annoncé en mars qu’il comptait conquérir l’Europe.
Malgré un modèle économique plus que fragile, le secteur attire énormément les investisseurs, qui misent sur les changements d’habitude des consommateurs, de plus en plus enclins à abandonner la voiture personnelle au profit de modes de déplacement partagés. Ils parient aussi sur la conduite autonome, sur laquelle travaillent les deux firmes.
Parmi les autres entrées en Bourse de « licornes » (entreprises non cotées valorisées à plus d’un milliard de dollars) les plus attendues, on trouve essentiellement des entreprises technologiques situées, comme Lyft et Uber à San Francisco, sur la côte ouest des Etats-Unis: Slack (messagerie d’entreprise), Pinterest (partage de photos), Airbnb (location saisonnière)…