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L'écosystème du capital investissement secoué par la crise du Covid-19

21 mai 2020 Le Boursier

La crise générée par la propagation du Covid-19 devrait apporter quelques changements à l’écosystème du capital investissement, spécialement en matière de critères de sélection des projets.

Contactée par LeBoursier, Meriem Zairi, directrice générale du fonds Seaf Morocco Growth fund (SMGF) – né dans le cadre du programme Innov Invest en septembre 2018-, estime que la crise actuelle a généré deux principaux impacts sur l’écosystème du capital investissement.

> Impact sur les sociétés qui composent les portefeuilles des fonds 

Le premier impact observé est le fait de « devoir orienter notre accompagnement vers la gestion de crise », indique notre interlocutrice.

Et d’expliquer : « quelques entreprises qui composent notre portefeuille, et qui sont déjà actives, ont été impactées par la crise. Nous les accompagnons maintenant pour qu’elles puissent gérer cette crise et continuer leurs activités ». 

En face, « Nous avons remarqué qu’il y a des entreprises qui ont pu trouver une opportunité dans cette crise, notamment celles qui œuvrent dans l’E-learning ou d’autres activités digitalisées ».

> Impact sur les bailleurs de fonds

« Avec la crise actuelle, les cartes seront redistribuées. A moyen terme, on aura des impacts en termes de levée de fonds. La capacité des investisseurs à financer les projets pourrait poser un problème puisqu’il y aura de nouveaux paramètres qui entreront en jeu », anticipe Meriem Zairi. 

« Mais, malgré le contexte global difficile, on est en train de conclure avec un nouvel investisseur. C’est pour dire que cette crise ne va pas mettre à l’arrêt l’investissement dans les fonds », nous indique-t-elle.

La création d’emplois comme nouveau critère déterminant de sélection des investissements

En termes d’attente de retour sur investissement, notre interlocutrice estime qu’ « il va y avoir un changement majeur qui était déjà entamé auprès des investisseurs avant la crise et qui va se renforcer d’une manière beaucoup plus forte aujourd’hui. Les investisseurs vont chercher non seulement la rentabilité financière mais également l’impact social du projet en matière de création d’emplois et de la participation au développement du pays », prévoit notre source. 

Ainsi, « la dimension impact social et environnemental va être critique pour tous les investisseurs », continue-t-elle. 

Cette tendance s’explique par le fait qu’avec la crise, « on se rend compte qu’il faut investir dans des secteurs pérennes et importants pour le développement de l’économie, notamment l’éducation et la santé. On ne peut plus se focaliser uniquement sur l’aspect financier, il faut réfléchir sur un angle beaucoup plus large », continue-t-elle.

« L’enjeu va être la création et la préservation de l’emploi parce qu’on va devoir faire face à une crise économique majeure. La préservation de l’emploi va être un critère très important pour la sélection des investissements », souligne notre interlocutrice.

Les opportunités qui seront créés grâce à la crise

La crise générée par la propagation du Covid-19 va créer plusieurs opportunités à saisir par les entrepreneurs. 

La logistique pourrait profiter de la crise pour se développer. « On observe une tendance internationale actuellement qui consiste à raccourcir les supply chain. Cela va créer une opportunité pour les entrepreneurs. De même, il va y avoir des opportunités à saisir dans les domaines du digital et des énergies renouvelables. On assiste également à un boom de l’E-commerce ».

« Les marchés européens vont être à la recherche d’alternatives à l’offre chinoise. Ils chercheront également un sourcing plus proche. On a la chance d’exister dans un hub régional avec les marchés européens. Nous allons regarder avec beaucoup d’intérêt les entreprises qui pourront saisir cette opportunité. Au final, il faut essayer de tirer des choses positives cette crise », conclut notre interlocutrice.

Capital-risque : la priorité sera donnée aux startups constituant déjà le portefeuille

Kenza Boughaleb, Program manager de 212 Founders - lancé par CDG Invest, la branche investissement du groupe Caisse de dépôt et de Gestion (CDG)- anticipe un ralentissement des investissements dans les startups et une focalisation sur les startups constituant préalablement les portefeuilles. 

« Personne ne peut savoir avec exactitude l’impact et la profondeur de la crise sur le tissu des startups. Mais, ce qui est certain, si on regarde l’impact de la crise financière de 2008 qui s’est traduit par une baisse du nombre des investissements réalisés ; la crise actuelle va également engendrer un ralentissement de l’investissement dans les startups avec une priorité donnée à celles qui sont déjà dans les portefeuilles pour pouvoir les sauver plutôt que de se diriger vers de nouveaux investissements », prévoit notre interlocutrice.

Aussi, « on sera beaucoup plus attentifs aux indicateurs de performance et de rentabilité des sociétés, surtout dans les secteurs du tourisme ou de l’évènementiel où l’impact de la crise a été très fort », indique-t-elle.

« Malgré la crise, à 212 Founders, on continue d’investir et on ne compte pas arrêter nos investissements. Nous venons d’annoncer 7 investissements dans les startups, et nous comptons maintenir notre rythme d’investissement », rassure-t-elle.

A rappeler que le programme 212 Founders a accompagné une première promotion de 20 startups opérant dans divers secteurs d’activités comme la mobilité, l’éducation, la logistique, les Marketplaces, l’hôtellerie, le tourisme, le SaaS (software as a service), etc.

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